Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/343

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public avec vous et avec lui… Voilà ce dont vous êtes cause, Madame.

— Moi !… moi !…

— Eh ! oui, oui, mille fois oui ! puisque vous étiez sûre de vous, autant que je le suis moi-même, il fallait sans agréer ses soins, ne pas les repousser brutalement ; il fallait lui dire avec grâce et bonté que ses assiduités vous compromettaient, et que, puisqu’il voulait vous être agréable, il devait commencer par vous obéir en cela : il vous aurait écoutée ; car, ainsi, vous ne lui ôtiez pas toute espérance, vous ne l’exaspériez pas… Mais était-ce à moi à entrer dans de pareils détails ? était-ce à moi à vous dire le rôle que vous deviez jouer dans cette circonstance ? Ne deviez-vous pas m’épargner ce soin à la fois humiliant et ridicule ? Si vous m’aimiez pour moi, je n’aurais pas eu besoin de vous dire tout cela… Il ne suffit pas d’être une femme de bien, de faire parade de sa vertu, — ajouta-t-il en souriant avec amertume ; il faut encore tâcher de ne pas mettre son mari dans une position dont il ne puisse sortir que par le déshonneur ou par un crime… Entendez-vous, Madame ?