Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/346

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voyagiez. Tout ceci est bien vague sans doute ; mais enfin il est toujours consolant de penser que nous avons des amis qui veillent sur nous.

— Et M. de Mortagne aura bien à faire pour que j’oublie ses lâches insultes ! — s’écria Gontran.

— Ce qu’il faudra faire pour cela, mon ami, il le fera de grand cœur, croyez-le.

— Mais au fait… il ne s’était pas trompé ; il vous avait prévenue que je vous rendrais très malheureuse, — dit Gontran avec une irritation continue, — vous devez reconnaître la justesse de ses prévisions.

— Mon ami, dis-je — en tâchant de sourire, — sans doute j’aime beaucoup M. de Mortagne, mais je suis forcée en cette occasion de lui donner tort ; ce n’est pas vous, c’est cet homme implacable qui me rend si malheureuse ! Tant que vous avez été libre, ne m’avez-vous pas comblée de toutes les félicités possibles ? Avant mon mariage ne vous ai-je pas dû de beaux jours tout rayonnants d’amour et d’espérances ?

— Et ces espérances ont été bien trompées… n’est-ce pas ?