Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/22

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— Vous ne pouvez comprendre ces questions de jeunesse et de beauté, Madame, ou plutôt vous ne les comprenez que trop, c’est ce qui cause votre rage ; mais le ciel est juste… il veut que vous connaissiez les tourments de l’envie… Il vous a réservé un terrible supplice, celui de me voir, malgré tout et à tout jamais, heureuse, et par celui qui, selon vous, devait causer mes plus cruels chagrins ! Voyez-vous, Madame, demain il me dirait : Va-t’en… je te hais… qu’il ne pourrait pas arracher de mon cœur ce trésor de souvenirs adorés dont je vivrais un siècle… Quelque méprisant, quelque impitoyable que soit Gontran, il ne pourra pas faire que le passé n’ait pas été le passé, un passé éblouissant comme un rêve de fée… un passé dans lequel je me réfugierai dès que le présent deviendra sombre et obscur.

— Ah !… ah ! qu’elle est donc surprenante et réjouissante avec son cher petit passé !… Laissez-moi donc tranquille ! Est-ce que ce n’est pas pour votre argent qu’il vous a épousée ? Vous auriez été laide et méchante comme