Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bouteille de vin du Rhin à la glace ; c’est un caprice. Il y a longtemps que je n’ai bu de vin vieux du Rhin… et celui que vous avez ici est excellent ; c’est du Joanisberg jaune comme de l’ambre… Où votre père avait-il eu ce vin-là ?

— Il me semble, mon ami, avoir entendu dire à mademoiselle de Maran que l’empereur d’Autriche en fit cadeau à mon père lors de sa mission à Vienne.

— Ma foi, votre père a eu raison d’oublier ce vin ici, car il est parfait.

Je sonnai ; mon mari donna ses ordres, il bâilla et me dit :

— Jouez-moi donc, sur votre piano, l’ouverture du Siège de Corinthe en attendant le dîner.

Je regardai Gontran avec chagrin.

Il ne se rappelait pas sans doute qu’on représentait cet opéra lorsque je m’étais, pour la première fois, trouvée avec lui dans la loge des gentilshommes de la chambre.

S’il n’avait pas oublié cette circonstance, sa demande était un amer sarcasme.