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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/382

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fis pour moi seule une sorte d’allusion à mon propre sort afin de pouvoir un peu épancher à haute voix les chagrins qui m’oppressaient.

Cela est ridicule, amèrement ridicule, hélas ! je le sais, mais heureux ceux qui ignorent que la souffrance la plus poignante est quelquefois grotesque dans son expression, ce qui est, je crois, le comble de la torture morale…

Je répondis donc à M. Sécherin, en pleurant :

— Non, non, la victime ne pourra pas échapper ; que peut-elle faire ? Lutter, n’est-ce pas ? mais il faut la force de lutter, et elle n’en a plus la force. Cela dure depuis trop longtemps, elle n’a qu’à se résigner… à tendre le cou au couteau et à mourir… pourtant la vie lui avait paru belle… pourtant qui songerait à mourir par ce temps radieux, par ce beau soleil ?… au bruit de ces fanfares et des cris de joie des chasseurs… qui pense à mourir ? pour qui cette fête est-elle un deuil ?… pour la victime seule… elle pleurera, et on rira de ses larmes, et on la tuera sans pitié… sans pitié !!

— Le fait est — dit M. Sécherin, presque