Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/52

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teur joliment novice ou joliment froid… J’ai en mon pouvoir une femme charmante, la plus adorable femme de Paris, sans contredit, et je lui raconte tranquillement mes bons tours, au lieu de lui parler de ma flamme. Mais ne vous impatientez pas, je vais vous expliquer cette conduite qui vous semble peut-être un peu trop respectueuse… Vous voyez cette pendule, n’est-ce pas ? Elle marque onze heures et demie… Eh bien !… avant minuit, vous serez endormie d’un sommeil profond, invincible… à minuit donc, vous serez en ma puissance… Tout à l’heure, en soupant, vous avez pris un narcotique infaillible, déjà même vous avez dû ressentir quelques symptômes d’accablement… maintenant, en attendant l’heure du berger… causons.

Je poussai un cri terrible… je me rappelai en effet l’espèce d’engourdissement passager qu’un moment auparavant j’avais attribué au sommeil et à la fatigue.

— Ayez pitié de moi… — m’écriai-je en tombant à genoux. — Cela est horrible… Que vous ai-je fait ? mon Dieu ! grâce… grâce…

M. Lugarto se mit à rire aux éclats et me dit :