Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/165

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je m’attendais à une explosion terrible de sa part ; ma stupeur égala le désappointement de mademoiselle de Maran

Mon mari, après avoir surmonté de nouveau une légère émotion, reprit avec le plus grand sang-froid, en haussant les épaules :

— Maintenant, Madame, ce ne sont plus même des calomnies, ce sont des folies ; et, en vérité, les temps où nous vivons sont bien graves pour qu’on puisse s’amuser à propager de si stupides niaiseries…

— Comment !… — s’écria ma tante — c’est ainsi que vous prenez cela ? Peste soit de votre philosophie !

— On serait philosophe à trop bon marché, madame, si l’on méritait ce titre parce qu’on méprise de vains bruits qui n’ont pas même la consistance d’une calomnie… Mathilde ne doit pas s’inquiéter de ces sottises ; en deux mots je vous rappellerai les tristes circonstances grâce auxquelles le nom de M. Lugarto a pu être malheureusement rapproché de celui de madame de Lancry. Cet homme a lâchement abusé d’une intimité que son amitié m’avait presque imposée, pour tâ-