Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/22

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Mon mari parlait alors sincèrement ; je connaissais assez sa physionomie pour y lire l’expression la plus vraie, la plus touchante.

Quand il m’exprimait ses regrets de m’avoir tourmentée, il disait vrai : les cœurs les plus durs, les caractères les plus impitoyables, ont souvent d’excellents retours ; à plus forte raison Gontran était capable d’un généreux mouvement : il n’était point méchant, mais gâté par trop d’adorations.

Encore une fois, je suis certaine qu’alors mon mari redevint pour moi ce qu’il était au moment de mon mariage.

J’étais si forte de cette conviction, il me paraissait si naturel que le goût passager que mon mari avait eu pour Ursule se fût subitement éteint, par la révélation que je venais de lui faire, que, sans la moindre hésitation, sans le moindre embarras, je dis à Gontran :

— Maintenant, mon ami, comment allons-nous éloigner Ursule ?…

À cette question naïve, Gontran me regarda en rougissant de surprise.

— Cela vous étonne, de m’entendre ainsi parler de ma cousine — lui dis-je en souriant