Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous redeviendrait pénible une fois votre premier enivrement passé.

— Vous dites vrai, mon ami… vous me connaissez mieux que je ne me connais moi-même. Si vous saviez… j’ai tant souffert à cause d’elle… Mais, tenez… Gontran, ne parlons plus de cela… tout est oublié… Il sera facile à Ursule de déterminer son mari à quitter Maran, il n’a pas d’autre volonté que la sienne… Mais… — ajoutai-je en hésitant — comment ferez-vous pour amener Ursule à cette résolution ?

— Rien de plus simple, je lui dirai tout avec franchise et loyauté.

— Vous lui direz…

— Je lui dirai qu’elle et moi nous avons été des fous, que nous avons risqué de compromettre gravement, elle, la tranquillité du meilleur des hommes, moi, le repos de la plus tendre, de la plus adorable des femmes… Je lui dirai que nos imprudences ont effrayé vos soupçons, que pour rien au monde je ne voudrais vous causer le moindre chagrin ; je lui dirai enfin que je la supplie de décider son mari à partir.