Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/276

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trompez, jamais je ne me suis égarée sur mes impressions.

Mon mari haussa les épaules.

— Vous croyiez aussi toujours m’aimer, vous l’avez dit vous-même, et vous voyez bien qu’en ce moment vous croyez votre amour éteint ; il en sera de même de votre ressentiment, il aura son terme… — ajouta-t-il avec une confiance imperturbable.

— Votre comparaison n’est pas juste, Gontran ; je vous aurais toujours aimé, j’en suis sûre, si vous n’aviez pas tout fait pour tuer cet amour. Je vous dirai avec la même franchise que maintenant vous feriez tout au monde pour vaincre ma profonde indifférence, que vous n’y réussiriez pas.

— Mais enfin ce ne sont que des étourderies, ce n’est qu’une infidélité, et il n’y a pas une femme qui, après son premier mouvement de vanité blessée, ne pardonne une telle faute.

— Je ne dis pas non, je ne prétends pas que toutes les femmes pensent ou doivent penser comme moi… J’ai tort sans doute, c’est un malheur de ma destinée d’être toujours ac-