Enfin, l’avouerai-je ! Blondeau sut par notre maître d’hôtel que M. de Lancry s’enivrait quelquefois le soir avec des liqueurs fortes qu’il se faisait porter chez lui.
Je ne pouvais plus en douter, ces excès, ces emportements, les bizarreries de Gontran me prouvaient qu’il ressentait les violentes agitations d’une passion désespérée et qu’il voulait quelquefois chercher dans l’ivresse l’oubli de ses peines.
La pitié qu’il m’inspira me fit croire que tout amour était à jamais éteint dans mon cœur. J’étais navrée de le voir si malheureux, j’accusais amèrement Ursule, mais je ne ressentais plus de jalousie contre elle.
À mon grand regret, je sentais que je ne pouvais rien pour Gontran et que mes consolations devaient être stériles. Je ne voulais ni n’osais d’ailleurs aborder un pareil sujet avec lui, j’attendis donc une occasion favorable.
Un jour le courrier étant arrivé un peu plus tôt que de coutume, on apporta les lettres de mon mari dans la bibliothèque où je le trouvai en allant chercher un livre.
Il rompit le cachet avec émotion, lut, pâlit,