Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/291

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sensé… oui, je l’aime comme personne n’a jamais aimé… et pourtant ses dédains sont impitoyables, c’est à cause de moi qu’elle est perdue… et elle ne veut pas même que je me fasse un droit du malheur que je lui ai causé… Car, enfin, il est maintenant de mon honneur de la protéger… et… mais, tenez : pardon… pardon, c’est à vous… à vous, mon Dieu… que je dis cela.

— Et vous pouvez me le dire, Gontran, vous ne m’apprenez rien là de nouveau, je ne puis plus avoir de doute sur la passion qui vous désole… fatale… fatale passion qui m’a déjà coûté mon bonheur, et qui ne vous cause que des chagrins !

— Oh ! oui, fatale, bien fatale ! Vous ne savez pas ce qu’elle m’a aussi coûté de larmes, de désespoirs cachés, d’accès de rage impuissante, de résolutions folles ou criminelles !… Vous ne savez pas les ignobles étourdissements que j’ai demandés à l’ivresse… Oh ! cette femme infernale savait bien quel amour elle me jetait au cœur !… infâme et horrible amour… auquel je vous ai déjà sacrifiée… vous !… Tenez, je suis un misérable, ou plu-