Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/330

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fâcheux de cette entrevue, il parut soucieux, préoccupé. Avant que de partir, il remit à M. de Saint-Pierre une clef, en le priant d’envoyer à leur adresse les papiers qu’il trouverait dans un coffre qu’il lui indiqua.

M. de Saint-Pierre connaissant le courage de M. de Mortagne, qui avait fait les plus brillantes preuves dans des circonstances pareilles, attribua à un sinistre pressentiment l’espèce d’accablement qu’il montra avant le combat.

Notre ami regretta plusieurs fois de s’être laissé emporter jusqu’à insulter cet homme, comme si la mémoire de l’empereur ne se défendait pas d’elle-même. Plusieurs fois il répéta : « Cela m’eût été à peine pardonnable si ma vie m’eût appartenu à moi seul, mais en ce moment me conduire comme je me suis conduit, c’est pis qu’une folie, c’est presque un crime… »

À midi, M. de Mortagne et ses deux témoins, le capitaine Le Blanc et les deux siens, arrivèrent dans le bois de Ville-d’Avray. Tout fut réglé comme il avait été convenu.

Les deux adversaires se placèrent à vingt pas ; M. de Mortagne redressa sa grande taille,