Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/44

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peut sans vanité prétendre à votre cœur ! pour vous qui voulez me donner une leçon de modestie, l’aveu est piquant. Eh bien ! je vous avoue que, tout en étant certaine de vous avoir séduit, je n’en suis pas plus fière…

— Ainsi, vous me croyez très amoureux de vous ?

— Je vous crois plus amoureux de moi aujourd’hui que vous ne l’étiez hier. Je crois que vous le serez demain encore plus qu’aujourd’hui…

— Et quelle sera la fin de cette passion toujours croissante, charmante prophétesse ?…

— Pour moi, un immense éclat de rire… pour vous, peut-être, toutes sortes de désespoirs… Car, vous devez savoir cela par expérience, seigneur Don Juan ; s’il y a passion d’un côté, ordinairement il y a de l’autre indifférence ou dédain : aussi, ce qui m’empêchera de jamais répondre à votre amour… ce qui vous fait un tort irréparable à mes yeux, c’est tout simplement… votre amour…

— Vous maniez à merveille le paradoxe, madame, et je vous en fais mon compliment…