Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/99

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ble comme deux sœurs… vous quitter le plus rarement possible…

— Et même ne pas nous quitter du tout si ça se peut — s’écria M. Sécherin. — Il n’y a rien de tel que la vie de famille… n’est-ce pas, mademoiselle de Maran ? vous comprenez ça, vous qui êtes la crème des bonnes femmes ?

— Ah ! monsieur Sécherin ! je vas recommencer à vous gronder si vous continuez à m’appeler crème ! je vous en avertis ; d’abord ça effarouche ma modestie, et puis ça va me compromettre comme aristocrate : vous êtes encore bon là avec votre crème ! monsieur Sécherin ! Est-ce qu’après les glorieuses journées de juillet, qui ont fondé l’égalité, la fraternité, la liberté, il y a encore de ces distinctions-là ! appelez-moi bonne femme tout uniment, mais pas crème… ou je me révolte !

— Allons, va pour bonne femme ; mais vous êtes une fameusement bonne femme… si bonne… — ajouta M. Sécherin en devenant tout à coup sérieux — si bonne que vous me rappelez ma pauvre mère comme ma pauvre mère vous rappelait à moi.

— Cette comparaison-là fait à la fois mon