Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/12

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à la face de tous, et se faire ainsi une terrible justice… Une femme outragée par une autre femme, frappée par elle dans ce qu’elle a de plus cher, de plus sacré, ne peut que dévorer ses larmes !

Chose étrange ! encore une fois, nous qui souffrons tant par l’amour, nous ne pouvons nous venger d’une manière digne et éclatante ! Nous pouvons nous venger par le mépris, dira-t-on. Le mépris !… que pouvait faire mon mépris à Ursule, qui avait déjà toute honte bue !

À ces violents ressentiments succédait une morne indifférence, ma vie se passait ainsi.

La prière, le soin de mes pauvres ne m’apportaient, je l’avoue en rougissant, que des soulagements passagers ; le bien que je faisais satisfaisait mon cœur, ne le remplissait pas.

Plusieurs fois ma pauvre Blondeau me conseilla de changer de résidence, de voyager, je n’en avais ni le désir, ni la force ; tout ce qui m’entourait me rappelait les souvenirs les plus amers, les plus douloureux, et pourtant je restais à Maran, abattue, énervée.

Les jours, les mois se passaient ainsi dans