Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/14

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Les lettres de madame de Richeville étaient remplies de tendresse, de bonté. Respectant, comprenant mon chagrin, elle m’engageait néanmoins à venir la trouver à Paris, mais alors j’avais une répugnance invincible à rentrer dans le monde.

Je savais par mes gens d’affaires que M. de Lancry me ruinait : il avait un plein pouvoir de moi, nous étions mariés en communauté de biens ; il pouvait donc légalement et impunément dissiper toute ma fortune.

J’avoue que ces questions d’intérêt me laissaient assez indifférente, la pension qu’il me faisait suffisait à mes besoins ; d’ailleurs madame de Richeville, m’avait écrit que M. de Mortagne, surpris par la mort, n’avait pu aviser aux moyens de mettre tous les biens qu’il me laissait à l’abri de la dissipation de mon mari, mais qu’il lui avait remis, à elle, madame de Richeville, une somme considérable, destinée à assurer mon avenir et celui de mon enfant dans le cas où M. de Lancry m’eût complètement ruinée. Hélas, cet enfant n’était plus… que m’importait l’avenir !

Plus de deux années se passèrent ainsi, avec