Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/21

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« Rien de plus simple que l’arrangement de ces petites pièces ; mais de vieux et illustres portraits de famille, quelques présents royaux, faits au prince pendant ses ambassades extraordinaires, imprimaient à cette habitation un caractère de grandeur noblement déchue qui me fit venir les larmes aux yeux.

« Je songeais avec amertume que le prince et la princesse, habitués à une grande existence, souffraient peut-être des privations terribles à leur âge ; pourtant, de leur part, jamais une plainte, jamais une parole amère contre le sort.

« Je ne pouvais m’empêcher d’en témoigner mon admiration à la princesse ; elle me répondit avec une simplicité sublime.

« Ma chère Amélie, le secret de ce que vous appelez notre courageuse résignation est bien simple. Nous pensons que mon mari et moi nous aurions pu être séparés dans ces jours d’épreuve ; nous songeons surtout à notre pauvre vieux roi et à ses enfants, et nous remercions Dieu de nous avoir épargné tant de chagrins dont il aurait pu nous éprouver. »