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Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/214

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quelques souffrances ! » ......

« Oh ! croyez-moi, ce que je disais-là, pleurant aux pieds de cette femme, je le ressentais ; j’éprouvais ce que jamais je n’avais ressenti jusqu’alors, une douleur profonde, un affreux brisement de cœur, seulement parce que je voyais Ursule abattue. J’ignorais la cause de ses chagrins ; mais elle souffrait et je souffrais… c’étaient de continuels élancements de toute mon âme vers la sienne.

« Je vous le dis à vous, cette fois j’étais sincère ; mes prières partaient du fond de mon cœur, mes sanglots du fond de mes entrailles… Mes larmes étaient âcres, brûlantes comme les vraies larmes du désespoir.. Eh bien ! cette femme restait muette, indifférente et sombre, comme si elle ne m’eût pas compris ou entendu.

« Mais elle est donc stupide ou folle, cette femme, de ne pas voir combien je l’aime ! Elle ne sait donc pas, la malheureuse ! ce que c’est que d’avoir au moins un cœur sur lequel on puisse à jamais compter ! Elle ne sait donc pas combien il est rare d’inspirer une passion telle que celle qu’elle m’inspire ! Elle ne sait donc