Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/25

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son, qui a fait vaillamment la guerre et qui est simple et bon, parce qu’il est brave et énergique. Je vous prie de croire, ma chère enfant, que je ne vois pas absolument que des gens graves, vous savez combien j’aime les contrastes ; aussi je vous promets la fleur des pois de ce temps-ci, un de mes neveux Gaston de Senneville : il est impossible d’être plus joli, plus gracieux, plus parfaitement élevé et pourtant plus inoffensif, pour ne pas dire plus insignifiant. C’est un de ces charmants jeunes gens qui marchent en tête des adorateurs d’une femme à la mode, comme les chefs de chœur des tragédies antiques : aussi, moi qui ne suis plus femme à la mode, je m’étonnais de le voir si souvent chez moi ; il m’a avoué qu’il m’aimait comme la meilleure parente du monde d’abord, et puis que ses habitudes chez moi lui donnaient une consistance, un reflet sérieux que son âge ne lui permettait pas d’espérer et qui lui faisait grand bien. Il a d’ailleurs le bon esprit de n’être nullement exclusif, et de montrer partout sa jolie figure et ses excellentes façons. Il va sans dire qu’il voit ce qu’on appelle la nouvelle cour : c’est lui