Je m’attendais à voir M. de Rochegune le lendemain de ce concert.
Il vint en effet sur les deux heures, et me pria de faire fermer ma porte.
Je le trouvai pâle, triste, accablé ; ses traits avaient une expression de langueur touchante que je ne lui avais jamais vue.
Il s’agissait pour moi d’un moment décisif ; ma destinée tout entière allait dépendre de ma résolution.
Je rassemblai toutes mes forces, j’appelai à mon aide toute la dissimulation dont j’étais capable, afin de composer mon visage et de paraître insouciante et gaie.
Je me hâtai de dire presque étourdiment à M. de Rochegune :
— Vous m’avez trouvée bien maussade hier matin, n’est-ce pas ? Après vous avoir demandé votre bras pour sortir, je vous ai renvoyé ; avouez que je suis horriblement capricieuse !
M. de Rochegune garda un moment le silence ; puis il me dit :
— Mathilde, vous me croyez honnête homme… ?