Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/48

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pas une femme comme elle, que mon fils la regretterait toujours ; qu’il la pleurerait avec des larmes de sang !… Oh ! mon Dieu, mon Dieu !… ta volonté est impénétrable… Il faut avoir bien de la foi pour ne pas désespérer de ta justice… Il faut bien aimer son enfant pour l’aimer encore quand l’amour qu’on lui porte est aussi inutile…

Madame Sécherin revenait sur cette pensée, qui lui semblait douloureuse ; je tâchai de l’en distraire.

— Ne croyez pas cela — lui dis-je. — Sans vous, sans vos soins assidus, la vie de votre fils lui serait mille fois plus affreuse encore.

— Comment cela pourait-il être ? Il ne regretterait pas cette femme plus qu’il ne la regrette ! — reprit madame Sécherin avec une sombre opiniâtreté. — Oui, car s’il n’était pas si malheureux, je dirais qu’il est un mauvais fils, un ingrat…

— Ah ! Madame…

— Je dirais qu’il ne reste auprès de moi que par respect humain, et parce que, dans le premier moment de sa colère, il a juré sur la mémoire de son père de ne jamais pardonner