Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/54

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— Oh, cela est épouvantable ! — m’écriai-je ; — vous… vous toujours si bon fils !

— Je ne suis plus bon fils — reprit-il avec une fureur croissante ; — Je ne suis plus rien… rien qu’un malheureux fou… qui passe la moitié de sa vie à regretter, à appeler une infâme… et l’autre moitié à la maudire et à rêver la vengeance… Tenez, voyez-vous !… il y a des moments où je suis capable d’abandonner ma mère, quoique je sache que ce serait lui porter le coup de la mort.

— Que voulez-vous dire ?

— Oui, je suis capable de tout quand je pense que votre mari peut mourir avant moi… ou qu’Ursule peut croire que je suis un lâche… que je n’ose pas me battre…

Stupéfaite, je regardai M. Sécherin ; sa crainte de paraître lâche aux yeux d’Ursule me disait combien son amour était encore violent.

— Il faut oublier Ursule, elle est indigne d’occuper votre pensée.

Il haussa les épaules.

— Vous aussi… vous voilà comme ma mère… il faut oublier !!… Oublier ! Dites donc à mon