Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/88

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trois hommes en duel, vous avez survécu à une horrible blessure que vous vous êtes faite en tentant de vous brûler la cervelle. Maintenant, revenu de ces folies, comme vous dites, vous vivez en philosophe « contemplateur et rêveur dans une vieille maison au fond de la Bretagne, heureux de regarder vos grèves en écoutant le bruit de la mer qui les bat incessamment. » C’est dire que vous avez un caractère ferme, une rare connaissance des faiblesses humaines. Vous ne vous étonnerez donc pas des confidences qu’il me reste à vous faire.

« Je suis entouré d’êtres si niais ou si envieux que je me tuerais plutôt que de leur laisser soupçonner ce que je souffre ; ils seraient trop contents. Vous me mépriserez peut-être, homme stoïque ! Il n’importe ; je ne puis souffrir plus longtemps sans me plaindre à quelqu’un et de mes tourments et de mon bonheur, puisque mon bonheur est encore un tourment.

« J’ai d’ailleurs éprouvé un grand soulagement en vous écrivant ma première lettre ; je continue, puisque vous me dites ne pouvoir me