Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/130

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prends bien la pureté de leur amour — je la comprends mieux que Mathilde peut-être. — Oui, plus qu’elle peut-être je serais maintenant capable des sacrifices qu’un tel amour impose. — Chez elle, une vertueuse résolution n’est que la conséquence de ses principes… Y faillir un jour ne serait pour elle que manquer à ses devoirs. — Moi, désormais je n’y faillirai jamais, parce que, principes, honneur, chasteté, pudeur, cet homme m’a tout révélé, tout donné, et que ce serait lui et non la vertu qu’il faudrait oublier.

§

Je suis épouvantée des ravages que cette passion fait en moi… ma tête s’égare, les plus sinistres projets me traversent l’esprit. — Oh ! s’il connaissait mon amour il aurait pitié de moi. — Oui, je suis sûre qu’il m’aimerait, qu’il me préférerait à Mathilde. — Après tout, quelle influence a-t-il eue sur cette femme ? aucune ! — Elle était honnête et pure. Elle est restée honnête et pure. — Moi, j’étais dépravée, j’étais perdue… Et parce que je l’ai vu… et parce qu’il m’a dit quelques paroles douces