Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/18

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— Quel rêve ?

— Oh ! un rêve étrange — continua-t-elle tenant toujours ses yeux fermés — je n’ose pas vous le dire.

— Emma, je vous en prie…

— Je me sentais mourir ; je sentais en moi comme une grande force qui voulait m’enlever aux cieux… et puis.. il m’a semblé entendre une voix qui disait : Faut-il qu’elle meure, faut-il qu’elle meure ?

— Et à qui parlait cette voix, mon enfant ?

— Oh ! c’est la fièvre… qui me donnait ces idées… Elles sont folles.

— Mais a qui cette voix disait-elle : Faut-il qu’elle meure ?

— Elle le disait… à une femme… à une femme dont je ne voyais pas la figure… — se hâta de dire Emma.

Je compris… la malheureuse enfant me trompait ; c’était moi qu’elle avait vue en songe.

— Et cette femme ? — lui dis-je.

— Elle n’a rien répondu, et la voix a dit : — Emma, il faut mourir !

Puis se reprochant sans doute en elle-même d’avoir été impressionnée contre moi par ce