Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/223

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là ce qui rend ma mort affreuse ! — s’écria cette malheureuse femme avec une explosion de sanglots.

— Ursule… Ursule… calmez-vous… vous êtes si jeune… tout espoir n’est pas perdu peut-être… Dieu prendra en grâce vos bonnes résolutions…

— Oh ! la vie… la vie maintenant… cette vie que j’ai si criminellement sacrifiée ! mon Dieu… ce n’est pas pour moi… que je vous la redemande — s’écria-t-elle en joignant les mains avec désespoir — c’est pour cet homme si bon que j’ai indignement outragé… Et je vous le jure, mon Dieu, à force de dévouement, de soumission, je lui ferai oublier les chagrins que je lui ai causés.

— Ursule, que dites-vous ?… Ces remords !…

— Comprenez-vous… comprenez-vous ?… au lieu déterminer mes jours par un crime stérile… j’aurais dû venir repentante… me jeter aux pieds de mon mari… aux pieds de sa mère ; ni lui ni elle n’auraient pu rester insensibles à un véritable repentir… J’aurais passé le reste de ma vie à le rendre heureux, et je le pouvais… oh ! je le pouvais, j’en suis bien sûre, moi… et