Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/27

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évanouissement, voulant frapper un coup décisif, je m’écriai :

— Réveillez-vous donc, paresseuse ! M. de Rochegune vient d’arriver ; il est là avec madame de Richeville.

À peine le nom de M. de Rochegune avait-il été prononcé, que le cœur d’Emma recommença de battre avec une force qui m’effraya.

Elle me regarda d’un air surpris, radieux, mais sans la moindre confusion.

M. de Rochegune est de retour ? — murmura-t-elle.

— Oui… oui… — lui dis-je d’une voix entrecoupée, fébrile, sentant que chaque mot tuait une de mes espérances. — Oui… il vient avec de grands projets qui vous concernent… et dont je m’entretenais toujours avec lui… je l’aimais de tout l’amour qu’il vous portait, mais nous ne pouvions encore rien vous dire… il y avait des obstacles… de grands obstacles… à ce qu’alors vous fussiez instruite de ses desseins… Oui… nous ne pensions qu’à vous… et vous croyiez que je ne pensais qu’à lui… qu’il ne pensait qu’à moi… C’est pour cela que vous aviez quelquefois contre moi de ces ressenti-