Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/340

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sances, faisaient donc bonne et joyeuse chère aux dépens de mademoiselle de Maran retenue depuis plusieurs mois dans son lit par une paralysie qui lui permettait à peine de remuer le bras gauche. Ainsi qu’on l’a vu dans les mémoires de madame de Lancry, mademoiselle de Maran, exécrée, abandonnée de tout le monde, était entièrement livrée à la merci de ses domestiques.

À votre santé, monsieur Servien — dit le cuisinier — à tout seigneur tout honneur… Vous êtes plus ancien que nous dans la maison, vous !…

L’homme à la tache de vin se leva et dit d’un air singulièrement sardonique :

— À la santé de notre bonne maîtresse !… Puisse-t-elle vivre encore longtemps comme ça pour faire notre bonheur !…

Ce toast fut accueilli par les éclats de rire des convives.

— Tiens… ça me fait penser que j’ai oublié son potage au tapioca — dit le cuisinier. — — Ah bah ! — reprit-il — elle mangera de la soupe à la tortue… ça sera tout de même, et ça la changera ; il en reste dans la soupière.