ment aussi grave ; votre voix est tremblante, votre figure bouleversée, votre émotion effrayante : et pourtant, ma chère Mathilde, vous devez voir, à l’expression de mes traits, que je ne crois pas un mot de ce que vous venez de dire.
— Vous ne croyez pas ?
— Cela m’est impossible à croire, parce que cela ne peut pas être, parce que cela n’est pas.
— Je le sens, une âme comme la vôtre doit regarder une telle faiblesse comme impossible : mais…
— Je n’analyse pas, je ne compare pas. Je vous dis simplement que cela ne peut pas être, que cela n’est pas. Ce qui m’inquiète, c’est votre agitation… votre pâleur. Quant à la cause qui vous fait tenir ce langage, je ne la devine pas maintenant… mais je la devinerai.
— Ne dois-je pas être émue, tremblante, désespérée, lorsque, victime d’un sentiment que je ne puis maîtriser, je réponds ainsi à votre amour ?
M. de Rochegune haussa les épaules, et me dit avec un sang-froid qui me bouleversa :
— Nécessairement, Mathilde, il faut que