— Mon père… — s’écria Berthe.
— Je n’ai, monsieur Raimond, de compte à rendre à personne… Si je soupçonne ma femme de mensonge, c’est que…
— Si elle a menti… ce n’est pas à vous, c’est à moi — s’écria Pierre Raimond en interrompant son gendre.
— Comment cela, monsieur ? — dit celui-ci en regardant Berthe avec étonnement.
— Charles, je vous en conjure… Et vous, mon père…
— Elle m’a menti — reprit le vieillard d’une voix forte ; — tout à l’heure encore, elle se disait heureuse…
— Ah ! j’y suis — reprit froidement M. de Brévannes — madame est venue parler ici de son bonheur avec des gémissements hypocrites… C’est fort adroit…
— Monsieur de Brévannes — s’écria Pierre Raimond — il y a quatre ans, ma fille se mourait dans cette chambre… Je vous disais : J’aime mieux perdre maintenant cette enfant… que la perdre un jour par suite des tortures que vous lui causerez… J’avais raison, vous la tuerez !
— Mon père — dit Berthe — je ne dois pas vous laisser dans une fâcheuse erreur… Il m’en coûte, mais je dirai la vérité ; je ne justifierai pas par mon silence les reproches peu mérités, je vous l’assure, que vous adressez à mon mari… J’ai pu vous cacher quelques contrariétés domestiques aux-