Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/129

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devait rougir ; elle avait été trop cruellement ulcérée pour se guérir si vite.

M. de Brévannes avait loué une loge pour cette curieuse représentation, dans le but d’être agréable à sa femme.

La toile n’était pas encore levée, peu à peu la salle se garnissait. Berthe allait fort rarement dans le monde ; malgré sa tristesse, elle regardait avec une curiosité d’enfant les personnes qui arrivaient dans les loges, puis retombait dans de pénibles préoccupations.

M. de Brévannes, impatienté du silence de sa femme, lui dit en contraignant sa mauvaise humeur :

— Berthe, qu’as-tu donc ?

— Je n’ai rien, Charles…

— Vous n’avez rien, vous n’avez rien, et vous êtes triste à périr. En admettant que j’aie eu des torts… vous me les faites cruellement sentir…

— Je voudrais pouvoir les oublier… peut-être un jour…

— La perspective est agréable.

— Ce n’est pas ma faute, mais ne parlons plus de cela. Vous savez que les motifs de tristesse ne me manquent pas.

— Est-ce pour votre père que vous dites cela ?… Avouez au moins qu’il a été bien violent envers moi…

— Il m’aime tant… qu’il s’est encore exagéré vos torts… Il n’a que moi au monde… Aussi,