Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/131

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madame Girard ne peut arriver qu’après tout le monde… pour produire son effet.

— Charles, vous êtes méchant.

— Parce que madame Girard est ridicule, parce qu’elle gâte une jolie figure par les plus sottes prétentions du monde… Elle n’a qu’une pensée, celle d’imiter, ou plutôt de parodier en tout la mise de madame de Luceval, parce que celle-ci est la femme la plus à la mode de Paris.

— En effet, vous m’avez déjà parlé de ce travers de madame Girard. Je voudrais bien voir madame de Luceval… la marquise de Luceval, je crois ? on la dit charmante.

— Charmante, très originale, risquant des toilettes qui ne vont qu’à elle, et que cette petite sotte de madame Girard copie avec acharnement, sous le prétexte qu’elle lui ressemble.

— Est-ce qu’en effet ?…

— Oui — reprit M. de Brévannes — comme une oie ressemble à un cygne…

À ce moment la porte de la loge s’ouvrit, et madame Girard entra suivie de M. Girard, manufacturier enrichi, portant l’éventail, le flacon de sa femme ; de plus, il avait, en manière de plastron, entre son habit et sa redingote, une petite chancelière en maroquin doublée d’hermine, madame Girard ayant toujours très froid aux pieds, disait-elle, ce qui n’était pas vrai ; mais elle avait vu un des valets géants et poudrés de la marquise de Luceval la suivre en portant une pareille chancelière, et, à