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Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/155

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tinguait la transparence du regard d’Arnold ; la lumière semblait ne pas s’y réfléchir, mais le traverser, et lui donnait la limpidité bleuâtre d’un saphir.

Son sourire était plein de mansuétude, de finesse et de grâce. Il manquait à ce charmant visage la chaude coloration de la vie et de la santé ; de même que les fleurs qui végètent à l’ombre et loin des rayons salutaires du soleil perdent la vivacité de leur coloris et se nuancent de teintes pâles d’une délicatesse extrême, de même les traits d’Arnold avaient quelque chose d’étiolé et de languissant.

Depuis quelques moments il était profondément préoccupé.

Lorsque madame de Lormoy avait fait remarquer à la princesse la ridicule coiffure de madame Girard, portant machinalement les yeux de ce côté, M. de Hansfeld était resté en contemplation devant Berthe.

Madame de Brévannes n’était pas d’une beauté étourdissante ; mais son doux et joli visage avait une si touchante expression de mélancolie, qu’Arnold se sentit ému… À ce moment même de l’entr’acte, Berthe, par un retour involontaire sur sa position et sur celle de son père, trop fier pour accepter désormais le moindre secours de M. de Brévannes, et trop pauvre pour s’en passer ; Berthe, disons-nous, n’étant plus distraite par l’intérêt du spectacle, se laissait aller à la tristesse de ses pensées ; la taille un peu courbée, la tête inclinée sur sa poitrine,