Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/185

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d’un homme. Demain à la nuit tombante et les jours suivants, je serai sur le quai d’Anjou, à la petite porte du jardin ; je vous attendrai jusqu’à ce que vous veniez… — Vous concevez, monsieur Charles… la mort d’un homme… on dit toujours ça… c’est d’un effet sûr pour piquer la curiosité des jeunesses.

— Qu’a répondu la mulâtresse ?

— Elle m’a répondu très aigrement (je m’y attendais) qu’elle ne savait pas ce que je voulais dire, que j’avais l’air d’une vieille intrigante ; finalement elle dit à l’olibrius en me montrant : « Qu’on ne laisse jamais rentrer cette femme ici ! » L’olibrius me fait un geste et me montre la porte. Je prends mon carton, mon sac et mes quilles, comme on dit, et je descends le grand escalier comme si j’avais retrouvé mes jambes de quinze ans… Voilà pour le second jour. Vous voyez que ça marche joliment bon train.

— Pas trop.

— Comment, pas trop ?… Ce n’était rien de donner un rendez-vous à cette moricaude en lui annonçant qu’il y allait de la mort d’un homme ?

— Mais cette jeune fille vous avait dit qu’elle ne viendrait pas.

— Mon Dieu ! monsieur Charles, est-ce vous, à votre âge, avec votre expérience, qui me faites une telle observation ? Si je lui avais dit : « Je serai seulement demain à la petite porte du jardin pour vous apprendre quelque chose de très important, »