Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/208

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tale… Je suis si faible qu’il vous a peut-être fallu vous défendre de mes maladroits efforts, et me sauver moi-même après vous être sauvé — dit M. de Hansfeld en souriant.

— Non, non, monsieur, rassurez-vous ; comme les cœurs braves et généreux, vous avez été fort… tant qu’il vous a fallu être fort pour m’arracher à une mort certaine… Sauvé par vous, j’ai dû à mon tour venir en aide à votre faiblesse, car vous avez plus de courage que de force… Je vous ai transporté ici, chez moi, Pierre Raimond, graveur.

M. de Hansfeld allait sans doute se nommer à son tour, lorsque la porte de la chambre s’ouvrit. Pierre Raimond se retourna ; Berthe, pâle, les yeux noyés de larmes, les traits bouleversés, se jeta dans ses bras en s’écriant :

— Mon père, je n’ai plus de refuge que chez toi !…

Berthe s’était, en entrant, si brusquement précipitée dans les bras de son père, qui, retourné vers elle, lui cachait complètement M. de Hansfeld, qu’elle n’avait pas aperçu ce dernier.

— Il m’a chassée… chassée de chez lui, — murmura Berthe d’une voix entrecoupée de sanglots en tenant son père étroitement embrassé.

— Mon enfant, nous ne sommes pas seuls — dit tout bas le vieillard.

M. de Hansfeld avait tressailli de joie et de surprise à la vue de Berthe… Il retrouvait en elle la jeune femme qui avait fait sur lui une si profonde