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Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/21

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— Cela est impossible — dit M. de Gercourt ; personne n’est moins affecté que Morville ; c’est un des hommes les plus aimables, les plus naturellement aimables que je connaisse ; de sa vie, je crois, il n’a jamais haï, feint ou menti ; il pousse même le respect de la foi jurée jusqu’à l’exagération.

— Je suis de l’avis de Gercourt — dit M. de Fierval. — Seulement depuis longtemps de Morville, profondément triste, va fort peu dans le monde.

— Cela s’explique — dit un des auditeurs de cet entretien. — Depuis dix-huit mois que lady Melford est partie, il ne cesse de la regretter.

— Et puis — dit un autre — la mère de M. de Morville est dans un état très alarmant, et personne n’ignore combien il adore sa mère.

— Son attachement pour sa mère ne fait rien à l’affaire — répondit le domino. — Quant à sa fidélité au souvenir de lady Melford… il a changé de ridicule et d’exagération ; c’est généreux à lui, il varie nos plaisirs… il a reconnu le ridicule de cette exagération…

— Comment cela ?

— Je ne suis pas dupe de son affectation à fuir madame de Hansfeld. Je parie qu’il est épris d’elle, et qu’il veut attirer son attention par cette originalité calculée….

— C’est impossible — dit Fierval.

— Ce moyen est trop vulgaire — dit Gercourt.

— C’est justement pour cela que M. de Mor-