Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/30

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Qu’on excuse notre ambitieuse comparaison, mais en évoquant la qualité poétique de Cléopâtre et de lady Macbeth, on se figurerait peut-être le mélange de séduction dominatrice et de grandeur sombre empreint sur la physionomie de la Vénitienne Paula Monti, princesse de Hansfeld.

Madame de Hansfeld avait arraché son masque.

Son capuchon abattu projetait une ombre vigoureuse sur son front, tandis que le reste de son visage était vivement éclairé ; ses yeux brillaient d’un nouvel éclat au milieu du clair-obscur où se trouvait la partie supérieure de la figure.

À l’exception du rayonnement de ce regard scintillant comme une étoile dans les ténèbres, le reste de la physionomie de madame de Hansfeld était impassible.

La princesse dit à M. de Morville d’une voix mâle et grave :

— Je confie sans crainte le secret de cette entrevue à votre honneur, monsieur…

— Je serai digne de votre confiance, madame.

— Je le sais, j’ai eu besoin de cette certitude pour risquer une démarche… qu’à votre insu… vous avez provoquée…

— Moi, madame ?…

— Vos procédés seuls me forcent de venir ici, monsieur.

— Madame, expliquez-vous ? de grâce.

— Il y a environ deux mois, monsieur, vous aviez prié madame de Lormoy votre tante, que je