Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais qui le connaissaient assez par ouï-dire pour faire assaut de médisance avec les plus médisants.

Au dernier bal du mois de janvier 1837, vers deux heures du matin, un assez grand nombre d’hommes se pressaient autour d’un domino féminin assis sur le coffre dont nous avons parlé.

De bruyants éclats de rire accueillaient les paroles de cette femme. Elle ne manquait pas d’esprit ; mais certaines expressions vulgaires et le mode de tutoiement qu’elle employait prouvaient qu’elle n’appartenait pas à la très bonne compagnie, quoiqu’elle parût parfaitement instruite de ce qui se passait dans la société la plus choisie, la plus exclusive.

On riait encore d’une des dernières saillies de ce domino, lorsque, avisant un jeune homme qui traversait le corridor d’un air affairé pour entrer dans le foyer, cette femme lui dit :

— Bonsoir, Fierval… où vas-tu donc ? Tu parais bien occupé ; est-ce que tu cherches la belle princesse de Hansfeld, à qui tu fais une cour si assidue ? Tu perdras ton temps, je t’en préviens ; elle n’est pas femme à aller au bal de l’Opéra…. C’est une rude vertu ; vous vous brûlerez tous à la chandelle, beaux papillons !

M. de Fierval s’arrêta et répondit en sonnant :

— Beau masque, j’admire en effet beaucoup madame la princesse de Hansfeld ; mais j’ai trop peu de mérite pour prétendre le moins du monde à être distingué par elle.