Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/88

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— Alors vous eûtes cette longue maladie de langueur dont vous avez failli mourir.

— Et pendant laquelle tu m’as donné tant de preuves de dévouement et d’affection, Iris, que de ce moment-là je t’aimai comme une sœur, comme une fille…

Iris prit la main de sa marraine et la porta silencieusement à ses lèvres.

— Ma tante Vasari — reprit Paula — se rendait à Florence pour suivre un procès ; elle sortait toute la journée pour solliciter ses juges. Le soir, nous allions à la promenade ; là, je rencontrai plusieurs fois un Français… M. Charles de Brévannes. Bientôt il fut toujours sur mes pas ; ses poursuites devinrent incessantes, obstinées ; alors mon indifférence se changea en aversion.

— Était-il donc fait pour inspirer tant d’éloignement ?

— Que dis-tu ? — s’écria la princesse en regardant Iris avec surprise. Puis elle ajouta :

— Tu étais si jeune alors que tu n’auras pas remarqué… Oui, cela était naturel à ton âge… Tu te rappelles mon cousin Raphaël Monti… fils du frère de mon père ?

Iris contracta imperceptiblement ses sourcils et répondit d’une voix brève :

— Oui, à chaque retour de mer il venait passer son congé à Venise… N’est-il pas en Orient ? Avez-vous eu de ses nouvelles ? À notre départ d’Italie, sa mère commençait à s’inquiéter de son absence.