Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/92

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moi. Ma chambre donnait sur la rue, et avait un balcon. Ce qui me reste à te dire est affreux… Ce jour-là, nous avions fait une longue promenade en voiture avec M. de Brévannes. Au retour, la veillée s’était prolongée fort tard ; ma tante paraissait préoccupée. Il se retira. Je me couchai.

La princesse devint horriblement pâle, tressaillit, puis continua d’une voix émue…

— Le lendemain je voulus aller, comme d’habitude, souhaiter le bonjour à ma tante : Gianetta me dit d’un air embarrassé que madame Vasari était souffrante et qu’elle ne pouvait me recevoir.

Au moment où je rentrais chez moi, un inconnu me demanda. Cet homme, sombre, pâle… me remit une lettre… sans me dire un mot… Je ne sais pourquoi un frisson me saisit. J’ouvris cette lettre, elle renfermait un anneau que j’avais donné à Raphaël.

— Et cette lettre, marraine, cette lettre ?

— Elle était de Raphaël mourant.

— De Raphaël ?

— Oui. Elle contenait ces mots, que je crus voir tracés en caractères de sang :

« Je suis à Florence depuis deux jours. Je sais tout. Cette nuit j’ai vu Brévannes descendre de votre balcon… vous avez ensuite fermé la fenêtre. Je me suis battu avec lui… tout à l’heure… cela était convenu. J’ai cherché la mort : il me l’a donnée. Soyez maudite… Osorio vous dira… lorsque vous retournerez à Venise… Cachez à ma mère… Ma vue se… »