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Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/99

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pur, je n’aurais jamais revu M. de Morville ; mais au moins j’aurais su qu’il m’aimait… autant que je l’aimais… L’humanité est si fantasque, que les raisons qui s’opposaient à ce que cet amour fût heureux, en auraient peut-être assuré la durée ; mais si M. de Brévannes parle… malheur… malheur à moi !… Le mépris succède à l’adoration dans le cœur de M. de Morville… Cet homme si franc, si loyal, n’aura pas assez de dédain pour m’accabler… Méprisée par lui… ah ! je sais ce que j’ai souffert… lorsque je l’ai cru possesseur de ce fatal secret… Et songer que Brévannes peut me porter ce coup affreux en répandant de nouveau la calomnie infâme qui a causé la mort de Raphaël ; oh ! c’est à en devenir folle !…

— De tout cela, marraine, il résulte deux choses… Il faut connaître le mystère qui force Morville à vous fuir… il faut réduire Charles de Brévannes au silence….

— Oui, il le faudrait ; mais comment faire ? hélas !… oh ! je suis bien malheureuse !…

— Iris n’est rien pour vous ? — dit la jeune fille avec une farouche amertume.

La princesse en fut frappée et lui répondit avec bonté :

— Si, mon enfant ; je puis tout te dire, à toi… cela me soulage….

À ce moment un bruit grave, sonore, puissant, plein de suave harmonie, mais affaibli par la distance, arriva aux oreilles des deux femmes.