Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/11

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vannes — c’est qu’il offre l’emblème de la pureté et de la durée de ma reconnaissance.

Et il tendit la main vers le livre noir.

— Non, non — dit Iris en paraissant encore combattue par le devoir — cela est horrible… Je me damne pour vous.

— Mais quel mal faites-vous ?… c’est tout au plus une indiscrétion… ma chère Iris ; puisque votre maîtresse est souvent injuste envers vous, c’est de votre part une petite vengeance permise… et innocente.

— Oh ! je suis inexcusable, je le sens… et puis une fois que vous aurez lu ce livre… vous oublierez la pauvre Iris… vous n’aurez plus besoin d’elle… Mais de quoi me plaindrai-je ? n’aurez-vous pas d’ailleurs payé ma trahison — ajouta-t-elle avec amertume.

— Cette petite fille s’est affolée de moi — pensa M. de Brévannes — comment diable m’en débarrasserai-je ? Est-ce que maintenant qu’elle a ma bague elle ne voudrait plus se dessaisir du livre ?

Il reprit tout haut d’un ton pénétré :

— Vous vous trompez, Iris. D’abord, je ne me croirai jamais quitte envers vous… Quant à vous oublier… ne le craignez pas… Pour mon repos, je voudrais le pouvoir… Il faut toute la gravité des choses dont j’ai à entretenir votre maîtresse pour me distraire un peu de mon amour pour vous… Iris, car je vous aime… Mais ne parlons pas de cela