Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/163

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blier à Paula les odieux soupçons dont elle avait été victime, il ne pouvait que l’entourer d’égards froids et contraints.

Et séparée de lui par un obstacle insurmontable, elle voyait à travers le prisme enchanteur de l’amour un homme jeune, beau, spirituel, passionné… si passionné qu’il avait voulu lui sacrifier ces deux religions de toute sa vie : sa parole ! sa mère ! et Paula n’avait pas même la consolation de songer que l’accomplissement de ses devoirs ferait au moins le bonheur de M. de Hansfeld.

Celui-ci, trouvant de son côté réunies chez Berthe les grâces et les qualités les plus séduisantes, se livrait sans remords à cet amour, Paula lui ayant toujours manifesté son indifférence.

Telle était la position de M. et de madame de Hansfeld, au moment où celle-ci, pour ménager M. de Brévannes, qui pouvait la calomnier si dangereusement, allait le recevoir à l’hôtel Lambert, ainsi que Berthe.

L’exaltation de Paula était arrivée à ce point qu’elle ne pouvait supporter plus longtemps sa position. Elle avait fixé à M. de Morville le terme de huit jours pour lui faire part de sa résolution suprême, parce qu’elle voulait qu’avant huit jours le sort de sa vie entière fût décidé.

Ou elle aurait le courage de profiter des offres d’Iris, ou elle se tuerait… si le projet de la jeune fille lui semblait exiger une complicité pour ainsi dire trop directe, trop personnelle.