Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/170

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— Mon Dieu !… mon Dieu !…

— Que fait-il ! Il se croit aimé de vous, il croit qu’en vous rendant libres, vous et lui, par le double meurtre qu’il peut commettre impunément, il obtiendra votre main…

— Mais c’est une machination infernale…

— Mais seriez-vous libre… ou non ?… Et en quoi auriez-vous participé à tout ceci ?… Votre mari vous trompe… pour la femme d’un homme que vous haïssez… Qu’y pouvez-vous ?… Cet homme les tue tous les deux… Êtes-vous sa complice ? Qui vous empêche ensuite d’épouser M. de Morville ?… En quoi lui-même peut-il jamais vous soupçonner d’avoir trempé dans cette machination ?… Bien plus, ainsi que je vous le disais, l’intérêt, les sympathies du monde ne seront-ils pas pour vous ?…

— Vous êtes folle… À peine M. de Brévannes se porterait-il à une si terrible extrémité s’il se croyait aimé de moi, et encore il n’oserait pas m’offrir une main… teinte du sang de mon mari…

— Cet homme est d’une jalousie d’orgueil si sauvage, que dans aucune circonstance il n’aurait hésité à tuer sa femme et son séducteur ; mais comme il vous aime avec d’autant plus d’ardeur qu’il se croit follement aimé de vous, il ne doute pas que vous ne braviez les convenances jusqu’à lui donner votre main, et il se hâte à cette heure de tendre le piège où sa femme et votre mari doivent infailliblement périr.