Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’en se débarrassant de sa femme et du prince il pourrait épouser Paula.

La bohémienne, occupée d’un travail de tapisserie, était demi-cachée par les rideaux de la fenêtre auprès de laquelle elle se tenait ; mais elle pouvait néanmoins ne pas quitter sa maîtresse du regard.

Et il faut le dire, ce regard semblait quelquefois exercer sur Paula une sorte de fascination.

Enfin M. de Hansfeld, debout devant la cheminée, dissimulait à peine son émotion.

La porte s’ouvre, un valet de chambre annonce :

— M. et madame de Brévannes.

Peut-être trouvera-t-on un contraste assez dramatique entre la conversation futile, oiseuse, désintéressée des quatre acteurs de cette scène, et les anxiétés, les passions diverses et profondes qui les agitaient.

Madame de Hansfeld se leva, fit quelques pas au-devant de Berthe, et lui dit avec grâce :

— Vous êtes, madame, mille fois aimable d’avoir bien voulu vous rappeler que je restais chez moi aujourd’hui.

— Madame… vous… êtes bien bonne — balbutia Berthe, en baissant les yeux de peur de rencontrer ceux d’Arnold.

La malheureuse femme se sentait défaillir.

La princesse ajouta :

— Voulez-vous me permettre, madame, de vous présenter monsieur de Hansfeld, qui n’a pas eu, jusqu’à présent, l’honneur de vous rencontrer ?