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Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/50

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— Mais cette petite main frêle que vous avez saisie ?… mais cette senteur de parfum particulière à votre femme ? — s’écria Pierre Raimond.

— Je vous le répète… ma raison s’égarait dans ce dédale de contradictions singulières. Paula, aidée de Frantz, voulut elle-même panser ma blessure ; rien dans ses manières, dans son langage, n’était affecté.

— Commettre un tel crime et faire montre de tant d’hypocrisie… c’était là le comble de la scélératesse — dit le graveur.

— Sans doute, et la monstruosité même d’un tel caractère éveillait encore mes doutes, malgré l’évidence. Pour comble de fatalité, Paula, soit intérêt, soit pitié, soit calcul, ne s’était jamais montrée plus affectueuse, je dirais presque plus tendre, qu’en me prodiguant les premiers soins après cet accident.

— Ruse, ruse infernale ! — s’écria Pierre Raimond.

— C’était peut-être le remords de son crime — dit Berthe.

— Mon malheur voulut que j’hésitasse tour à tour entre ces convictions si diverses… Il eût été moins funeste pour moi de croire Paula tout-à-fait coupable ou tout-à-fait innocente ; mais au contraire… par une inconcevable mobilité d’impressions, je passais tour à tour envers elle de l’amour passionné à des accès de haine et d’horreur ; mes angoisses de Trieste n’étaient rien auprès des tor-