Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/72

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Mon amour ne saurait être heureux que si je pouvais obtenir votre main.

Entre ces paroles et les terribles accusations de son mari, madame de Hansfeld vit un rapprochement étrange, fatal, qui la frappa.

En admettant que les mystérieuses et homicides tentatives auxquelles le prince avait été exposé eussent réussi, elle se serait trouvée libre… elle aurait pu épouser celui qu’elle idolâtrait et le rendre ainsi le plus heureux des hommes.

Il n’y eut d’abord rien de criminel dans les pensées de Paula.

Que de fois les cœurs les plus purs, les caractères les plus élevés, se sont passagèrement laissé entraîner non pas même à des vœux, mais seulement à de simples suppositions qui, réalisées, eussent été de grands crimes.

Combien de femmes pieusement résignées, endurant avec une douceur angélique les plus mauvais traitements d’un mari brutal et méchant, ont dit : Hélas ! que n’ai-je épousé un homme généreux et bon !

Il n’y a rien de meurtrier dans cette supposition, elle n’exprime pas même l’espérance ou le désir de voir la fin des tortures que l’on souffre, et pourtant cette supposition contient le germe d’un vœu meurtrier… c’est l’instinct de conservation qui s’éveille et qui cherche vaguement les moyens de fuir la douleur.

Bien des êtres souffrants s’arrêtent à cette excla-