Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/79

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— Non, non, Iris ne raille pas lorsqu’il s’agit de vous… Écoutez-moi donc. Vous m’aviez laissée à Venise, cela me fit une peine horrible ; vous ne vous en êtes pas seulement aperçue, ou, du moins, mon chagrin vous a été indifférent… mon désir de vous accompagner vous a semblé importun… Mon Dieu !… il fallait me laisser périr dans la rue plutôt que de faire naître en moi une reconnaissance dont les témoignages vous devaient être à charge.

— Mais cette malheureuse est folle… Et que faisait cela à Raphaël ?

— Vous m’aviez laissée à Venise ; je vous l’ai dit, cela me causa une violente douleur ; je ne pus me résigner à rester dans l’ignorance de votre vie et à recevoir seulement de temps à autre quelque froide lettre de vous. À force de prières, je parvins à obtenir d’Inès, votre camériste, qu’elle me tiendrait au courant de vos actions. Vous ne savez pas ce qu’il m’a fallu de persévérance, de promesses, de séductions pour intéresser à mon désir cette indifférente fille, et l’amener à m’écrire presque chaque jour… Par cela… jugez ce qu’est mon attachement pour vous.

— Je ne sais s’il faut l’exécrer, la plaindre ou l’admirer — se dit Paula.

— Peut-être je mérite à la fois la pitié, la haine et l’admiration — reprit Iris. — Mais écoutez encore… Par Inès, je sus que Charles de Brévannes vous obsédait de soins, que le bruit public vous accusait de l’aimer, mais que cela était faux… Vous