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Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/134

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huma ce qu’il appelait la marée, de façon que son verre fut à sec. Que j’aime ce vin de France ! Car notre Xérès et notre Malaga, avec leur couleur d’un jaune sombre, me semblent aussi tristes qu’un cantique chanté par une duègne ; tandis que la teinte riante et rosée de ce Champagne me ravit d’aise. Vrai Dieu ! c’est comme si j’entendais la Juana fredonner sur ma guitare un vif et fringant boléro. Ma foi, vive le vin de France ! reprit-il, en abaissant si joyeusement son verre sur la table, qu’il le brisa. Ce bruit tira l’autre convive de sa rêverie, c’était le Gitano.

— La France ! Fasillo, sur ma parole, c’est un digne pays !

— Pays de l’hospitalité, dit Fasillo en absorbant un second verre de Champagne.

Le Gitano le regarda, se pencha en arrière sur les coussins du divan, et partit d’un éclat de rire.

Et de la liberté, continua Fasillo avec le même geste.

Ici les éclats de rire du Gitano furent si violens, qu’ils retentirent au-dessus du bruit de la tempête qui mugissait au-dehors, et ils redoublèrent même, à la grande confusion du pauvre